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Femme à la Une : Lerie Sankofa, l’artiste !

Comme le dit Lavoisier : « Rien ne se perd. Rien ne se crée, tout se transforme ! ».  Et Einstein complètera pour dire « la créativité c’est l’intelligence qui s’amuse ». Voici ce qui me vient en tête lorsque je pense à celle que je vais vous présenter aujourd’hui. Sa créativité est éblouissante et épatante et je pèse mes mots. Je l’ai vu sur scène au festival Afropolitain Nomade en janvier dernier, et j’ai été sous le charme. Moi férue de musique et de danse, je me suis empêchée de danser juste pour mieux savourer la créativité de cette jeune femme. À la fin de sa prestation, je me suis dit : il faut une scène 100% femme avec à l’affiche, Dobet GNAHORE, Manou GALLO et elle. C’est fou, mais c’est ce à quoi j’ai pensé. Elles ont cette créativité, cette énergie et cette africanité en commun. Mon pays à un potentiel artistique immense.

Valérie Beugre mais appelez là : Lérie Sankofa. Chanteuse, percussionniste et autrice-compositrice. Elle fait de l’Afro-light, un style dans lequel elle valorise les cultures musicales africaines et les instruments informels tel que des outils ménagers. Elle a côtoyé les meilleurs pour se perfectionner, de l’orchestre du célèbre chorégraphe George Monboye à la troupe musicale Bella Mundo en passant par le village Kiyi. En 2019, elle a obtenu le prix espoir de la musique à la 3e Edition du Lili Women. Je l’ai vu jouer avec des casseroles, un mortier, un pilon. En somme, des ustensiles de cuisines qui donnaient une sonorité extraordinaire en plus de sa voix. C’est une artiste dans tous les sens du terme. Lérie nous ouvre ses portes pour nous parler d’elle!!

Tchewôlô : Lérie SANKOFA, merci de permettre à nos lecteurs d’en savoir un peu plus sur vous. Lérie, quels sont les mots qui vous définissent le mieux ?

Lérie SANKOFA : C’est moi qui vous remercie pour l’intérêt que vous me portez. Je dirais : amour, foi, partage, pardon, et rêve.

Tchewôlô : Quelle est votre définition de la femme ?

Lérie. S : La femme pour moi, c’est celle qui est capable d’aimer, de pardonner et d’apporter la vie dans son entourage.

Tchewôlô : Parlons de l’artiste, votre instrument de base c’est la percussion, pourquoi ce choix ?

Lérie S : C’est un choix que j’ai fait depuis mon enfance, dès l’âge de neuf ans par le biais d’un cousin sans même réaliser l’importance de la chose.  Et c’est plus tard en grandissant que je me suis rendu compte que c’était un instrument dédié en majorité aux hommes. Je me suis juste intéressée à cet instrument en voyant mes frères en jouer.

Tchewôlô : En tant que femme, quel effet cela vous fait de jouer à cet instrument, et comment les autres vous voient ?

Lérie S : J’adore lire la stupéfaction sur les visages, l’étonnement lorsque les gens me voient jouer à la percussion. Je suis heureuse qu’il y ait des femmes comme moi qui se démarquent en faisant ce qu’elles aiment même si c’est un boulot soit-disant dédié aux hommes.

Tchewôlô : Et quelle a été la réaction des parents face au choix de faire carrière dans la musique et d’être percussionniste ?

Lérie S : Mes parents ont toujours été un soutien pour moi. Ils ont eux-mêmes été choristes, j’étais donc exposée dès mon plus jeune âge. J’ai rejoint la chorale à 12 ans. Ils croyaient en moi et cela très vite m’a responsabilisée. Je voulais être leur fierté, ne jamais les décevoir.

Tchewôlô : C’est quoi votre leitmotiv ?

Lérie S : C’est de valoriser la culture musicale africaine.

Tchewôlô : Parlons financement, comment vous vous en sortez ?

Lérie S : La vie étant faite de haut et de bas, il fut un temps avant le coronavirus où les affaires allaient bon train. Prestations ponctuelles, hebdomadaires et le salaire… Ce qui me permettait de vivre et non de survivre. Cette maladie a quand même réduit nos scènes et nous nous retrouvons qu’avec le salaire pour répondre aux charges. Ce n’est pas encore ce à quoi j’aspire mais je remercie le ciel pour mes finances, car nombreux sont ceux qui auraient aimé avoir ce que j’ai.

Tchewôlô : Vous étiez à l’affiche de l’ouverture du festival Afropolitain Nomade en janvier dernier ici à Abidjan, comment s’est fait la rencontre avec l’équipe et qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Lérie S : J’ai rencontré Veeby (Vanessa Kanga), l’organisatrice du festival en 2018. Elle était de passage en Côte d’Ivoire, et elle avait besoin d’une percussionniste et d’une choriste. Après cette collaboration, on a gardé le contact et par la suite j’ai su qu’elle organisait son festival Afropolitain Nomade. Elle est vraiment sympa et m’a toute suite pris comme sa petite sœur. Depuis, j’ai beaucoup appris et je continue d’ailleurs à apprendre des choses bien intéressantes, grâce aux plates-formes d’échanges initiées par ledit festival.

Tchewôlô : Parlons de votre performance, quelles sont vos astuces pour être toujours au top niveau ?

Lérie S : Mon astuce… mon amour pour la musique. Je tire une pleine satisfaction lorsque je suis en exercice, je le fais d’abord pour moi. Mais il y a également en plus de cette grâce que Dieu me fait, les exercices périodiques.

Tchewôlô : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre carrière ?

Lérie S : D’abord, les scènes pour ce genre musical sont sélectives et pas assez nombreuses. La musique traditionnelle n’est pas très valorisée, au détriment de la musique urbaine. Il est également difficile, voire très rare, de trouver des mécènes ou des sponsors qui t’accompagnent. Pourtant il est indéniable et tout le monde le sait, que la pratique de l’art requiert un minimum financier non négligeable.

Tchewôlô : Quelles sont vos attentes, et vis-à-vis de qui ?

Lérie S : J’ai des attentes vis-à-vis des différents ministères culturels africains. Ils devraient mener des actions pour emmener les populations africaines à aimer, valoriser et préserver leurs cultures. Notre culture est notre identité. Les médias et les structures étatiques et privées artistiques devraient promouvoir et encourager l’art. Bref, tout ce qui prône des valeurs.

Tchewôlô : Quel regard avez-vous sur la jeune fille en ce 21e siècle ? Et quels conseils donneriez-vous ?

Lérie S : La jeune fille aujourd’hui est assez active et dynamique. Elle ne se met pas en marge et cela je l’admire énormément. Nous sommes dans une tendance de promotion du genre et j’aimerais dire à toutes mes sœurs qui ne suivent pas encore le mouvement que c’est le moment de se lever et de se faire une place par le travail. Chacune a un domaine de prédilection, un talent caché. Il faut le déterminer et le développer pour se faire une place car la saison est favorable. N’aimons pas la facilité.

Tchewôlô: Merci pour ces mots, merci pour votre disponibilité. Nous vous souhaitons bon vent pour la suite de votre carrière.

Lérie Sankofa : Merci à vous.

Tchewôlô, femme noire, femme du monde parlons d’elles!!!


Femme à la Une : Vanessa Kanga, fondatrice de l’Afropolitain Nomade

La culture est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs. C’est le souffle qui accroit la vitalité de l’humanité, nous rappelle un proverbe africain. En prélude du lancement du festival Afropolitain Nomade qui a lieu ce vendredi 15 janvier à Douala et à Abidjan, entretien avec cette grande femme de culture et de charisme, celle qui est à la tête de ce festival depuis maintenant 8 ans. Diplômée en management international de l’école d’administration publique du Québec (ENAP), elle a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix de l’engagement citoyen des Offices Jeunesse internationaux du Québec en 2012 et le prix Vivre Ensemble de l’Organisation internationale de la Francophonie en 2016. Vanessa Kanga, aussi surnommée Veeby Afrosoul, est notre tchewôlô à l’honneur.

Crédit photo : Doro Saiz

Tchewôlô : C’est un plaisir de pouvoir échanger avec vous. Parlons de votre bébé du moment, le festival Afropolitain nomade. Comment tout a démarré ?

V.K. : C’est un plaisir, je vous en prie. Le festival Afropolitain Nomade est un événement culturel multidisciplinaire, qui met en scène les acteurs du monde de la musique et du monde des arts visuels de trois continents : l’Amérique du nord, l’Europe et l’Afrique. L’objectif de ce festival est de faire en sorte que ces personnes partagent leur engagement, leur façon de créer. L’objectif est de montrer à tout le monde que les territoires en Afrique sont beaux, que les gens ont de vraies entreprises culturelles et qu’il est possible de déployer un évènement d’envergure dans une capitale francophone.

T. : En tant que fondatrice du festival, comment s’organiser pour le mettre en place ?

V.K. : L’équipe avec laquelle je travaille est composée de personnes extrêmement créatives. Le nombre de personnes qui m’aident dépend des villes et des endroits du festival. Je travaille avec une équipe de 5 à 10 personnes chaque année, en fonction de l’ampleur de l’évènement. Cette année, on a essayé d’apporter une nouvelle façon d’innover pour produire, diffuser et mettre en valeur l’art sur le continent africain.

T. : Quelle est cette « nouvelle façon d’innover » ?

V.K.  : Nous nous sommes dit qu’il fallait trouver un moyen de toujours susciter l’engouement autour du festival sans rester dans la normalité,  dans un lieu déjà connu par les festivaliers. Nous avons donc créé cette édition Afropolitain Nomade, où concerts et performances se dérouleront dans plusieurs pays. L’idée est d’amener les gens à découvrir différents endroits et de montrer qu’en Afrique, nous avons des artistes et des personnes du milieu de la culture qui travaillent, qui ont des activités et que cela fonctionne. Nous sommes en collaboration avec les instituts français de plusieurs pays africains comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Tchad et le Rwanda. Afropolitain Nomade explore toute l’Afrique.

T. : Avec le coronavirus, quelle sera la particularité du festival cette année ?

V.K. : Pour préparer le festival sous pandémie, mon équipe et moi avons pris du temps pour bien ficeler les choses. Je ne voulais pas rester dans l’option « tout numérique » : étant moi-même artiste, je sais ce que le public représente. Ce n’est pas la même chose de donner un concert devant un écran, dans sa chambre, que de faire un show devant un public. Pour moi, ce n’est pas respecter l’artiste que de le laisser faire un spectacle sans public. Alors, cette année sera une édition hybride, avec des spectacles en live et en ligne également. L’ouverture sera pour ce vendredi 15 janvier dans les instituts français de Douala et Abidjan. Nous avons organisés ces concerts pour permettre aux artistes ne pouvant pas se déplacer à Kigali de faire des spectacles en live. C’est aussi comme ça que l’on définit la partie « nomade » de l’Afropolitain.

T. : Comment se fait la sélection des artistes qui participent au festival ?

V.K. : Je parle sous le couvert de Freddy Massamba, directeur artistique du festival. La première chose que l’on regarde, c’est la qualité de ce qu’ils produisent. Il faut que cela soit bon. L’important est la beauté des œuvres. Ensuite, il faut aussi que ce que proposent les artistes soit éveilleur de conscience, que cela aille dans le sens du festival. Aussi, il y a la langue française : en dehors de l’Amérique du nord, de l’Afrique francophone et de l’Europe, nous essayons d’intégrer d’autre pays des Caraïbes, comme Haïti. Dans tous les cas, le message véhiculé doit être en français. Le Rwanda sera le premier pays en dehors de l’Afrique occidentale et centrale à accueillir le festival.

T. : Avez-vous fait face à des difficultés pour organiser l’Afropolitain Nomade ? Comment les avez-vous géré ?

V.K. : Bien sûr, nous avons fait face à énormément de difficulté, surtout sur le plan financier. Au début et même maintenant, il est toujours difficile d’avoir des appuis financiers ou logistiques. Mais nous sommes des champions de la débrouille et nous nous sommes toujours associés à des entrepreneurs créatifs et chevronnés du continent. Nous avons eu de beaux partenariats dans chacun des pays où nous sommes allés : avec les institutions culturelles, les ambassades du Canada et les institutions du Québec. Chacun nous a vraiment accompagné pour déployer ce projet.

T. : Comment s’est initiée la rencontre avec l’équipe Mondoblog ?

V.K. : La rencontre avec Mondoblog s’est faite grâce à Françoise Ramel, une Mondoblogueuse française engagée dans la culture. Elle m’a mis en lien avec Camille de RFI-Mondoblog et nous avons eu l’honneur et le plaisir d’accueillir une dizaine de Mondoblogueurs pour notre édition du festival en 2019 à Abidjan. C’est une magnifique initiative qui permet aux jeunes africains de se raconter eux-mêmes, à l’intérieur de leur environnement. Cela m’a séduit chez Mondoblog : donner la parole à ceux qui sont sur le terrain. L’esprit du festival, c’est aussi ça.

T. : Dans nos entretiens avec nos Tchewôlô, nous posons toujours cette question : comment vous décririez-vous en tant que femme ?

V.K. : Je pense que je suis une femme qui pense consciemment qu’être femme n’est pas un handicap. Le fait d’être Africaine, pour moi, est un redoutable atout, dans l’ensemble des entreprises que j’ai toujours menées. Je me considère comme une personne à part entière, qui a de grand rêves, des ambitions pour son continent et qui pense que l’art est un merveilleux vecteur de changement social. Dans le travail, je suis une responsable ouverte à la discussion, aux débats constructifs et je suis toujours à la recherche de solution. C’est ainsi que je me définirais. 

T. : Selon vous, quel regard le monde doit avoir sur les femmes travaillant dans la culture ?

V.K. : Dans chacune des capitales où l’on va, et cela depuis le début du festival, il y a toujours une conférence sur la place des femmes dans la culture. On valorise l’engagement, l’implication et les réalisations des femmes de la ville qui accueille le festival. Celles qui participent à la conférence sont entrepreneures, artistes, académiciennes, journalistes… C’est très important. Travaillant dans la culture, je me rends très souvent compte que je suis la seule femme au milieu de plusieurs hommes. C’est quelque chose qu’il faut briser avec le temps et pour cela, nos filles, nos petites sœurs, nos cousines, nos tantes ont besoins de modèles. Elles ont besoins de se dire que c’est possible et la seule façon de le faire, c’est de voir d’autres femmes partager leur expérience, partager leur obstacles et la façon dont elles gèrent les difficultés.

T. : Quel conseil donneriez-vous aux femmes africaines ?

V.K. : Ce que je dirai aux femmes africaines, c’est que nous sommes sur un beau continent. Notre territoire est vaste, diversifié. C’est à nous de l’exploiter, c’est à nous de le valoriser et surtout, il n’y a rien qu’on peut faire sur cette terre, si on n’a pas un peu d’audace et de courage. Donc osez, et ayez le courage d’oser.

T. : Merci encore pour votre disponibilité et nous vous envoyons de bonnes énergies pour cette édition 2021 !

V.K. : Merci surtout à vous, j’espère qu’on se rencontrera.

Tchewôlô, femmes noires, femmes du monde, parlons d’elles !


FEMME à la UNE : RAYMONDE LOZO, L’artisane

Il est dit que nous ne faisons pas de nouvelles rencontres par accident. Elles sont destinées à croiser notre chemin pour une raison. Celui qui à écrit ça à tout compris des rencontres.

Ma rencontre avec celle que je vais vous présenter, c’est fait sur les réseaux sociaux précisément Instagram. Elle m’a écrit en inbox en se présentant comme il se doit, de son nom à sa fonction avant de s’intéresser au nom Tchewôlô. Durant notre échange, j’ai découvert une femme courageuse, douée et passionnée. Elle est apparue au moment où je me disais, il me faut une femme à mettre à l’honneur avant la fin de l’année 2020. J’avais en tête plusieurs femmes mais après notre échange, je me suis dit ça sera elle, ma femme à l’honneur pour achever l’année. 

Raymonde LOZO est son nom, elle est jeune et magnifique. Entrepreneure, créatrice de la marque « EXCLUSIV’IN depuis 2009. Elle a 34 ans, Célibataire sans enfant. Communicatrice de formation, elle est devenue au fil du temps une autodidacte bricoleuse. C’est une véritable passionnée d’art 2.0 comme elle le dit si bien. L’artisanat fait partie intégrante de sa vie, ainsi elle communique cette passion au travers de ses formations. Elle a tout abandonné pour se consacrer à l’art d’où notre appellation : l’artisane.

Exclusiv’In By Raymonde LOZO

Tchewôlô : Raymonde LOZO, Merci de partager votre expérience avec nous et nos lecteurs.

Raymonde LOZO : C’est moi qui vous remercie pour l’honneur.

Tchewôlô : Pouvez-vous nous donner 03 hastag qui vous définissent ?

Raymonde LOZO : Alors les trois hastag qui me définissent, je dirais #passionnée,

#artisanat et

 #couture

Tchewôlô : Quelle est votre définition de la femme ?

Raymonde LOZO : Pour moi, La femme est un être plein de ressources. La société africaine l’a toujours catalogué de personne fragile ; finalement elle utilise que 10% de ses capacités mais pour celles qui ont pris conscience de leur potentiel, elles s’étonnent chaque jour. Par le travail elle arrive à s’affirmer. Alors travaillons les femmes !

Tchewôlô : Quelle femme êtes-vous ?

Raymonde LOZO: Je suis une femme naturelle (aux cheveux crépues et sans maquillage), une passionnée, qui s’investit à fond dans tout ce qu’elle entreprend, qui est à l’écoute des autres sans savoir depuis toujours que c’était une qualité (rire).  Comme on le dit communément ici à Abidjan, je sais charger affaire des gens (mdr…). Je suis à la fois sociable, très très casanière et réservée.

Tchewôlô : C’est quoi exactement Exclusiv’In ?

Raymonde LOZO : Exclusiv in est une marque artisanale basée en Côte d’ivoire depuis 2009, spécialisée dans la customisation (le recyclage) fait main et la confection d’articles en pagne, laine, perles, papier et autres matières. Elle a pour vocation aussi de former les grands et petits au métier de l’artisanat au travers de ses ATELIERS FORMATION EXCLUSIV’IN qu’elle a lancé en juillet 2014, intervenant dans les colonies de vacances, les centres aérés, les events enfant, individuellement en formation personnalisée et autres manifestations.

Tchewôlô : Comment démarre l’aventure Exclusiv’in ?

Raymonde LOZO : L’aventure artisanale EXCLUSIV’IN démarre je dirais en 2009 pendant ma dernière année de BTS. Elle était conçue au départ pour les entreprises, pour marquer leur communication interne.  Mais étant déjà une passionnée pour les arts (le théâtre, la chorégraphie, le chant, le dessin, la poésie) depuis l’enfance grâce à ma mère qui m’a éduqué. Elle m’a aussi communiqué ses passions telle que la couture, le jardinage, le crochet, tout ce qui est bricolage. Partagée donc jusqu’en 2018 entre mon poste d’assistante de direction et mon activité artisanale, je descendais à 17h et c’est là que je faisais mes livraisons (au début car après les services de livraison ont pris la relève). Je bossais sur mes commandes jusqu’à 3h30 et les samedis je descendais à 12h puis je partais à mes ateliers de formation pour rentrer à 20h ainsi que le dimanche après-midi. Finalement à la fin de 2018, j’ai démissionné pour m’occuper de mon activité à temps plein. https://web.facebook.com/Exclusiveeeeeeee

Tchewôlô : Waouh, pas de repos pour vous durant cette période. Comment les parents ont accueilli la nouvelle de votre démission ?

Raymonde LOZO : La réaction des parents, c’est certainement la surprise mais surtout de l’inquiétude évidemment.  C’est ma mémé qui m’a éduqué mais sachant que je suis passionnée de la couture, elle m’a comprise et bon mes acquis scolaires me servent toujours.

Tchewôlô : Comment vos acquis scolaire vous ont servi dans votre reconversion ? 

Raymonde LOZO : Communicatrice de base, cette formation a été très bénéfique pour moi surtout au niveau de la gestion clientèle en passant par l’organisation de mes expos vente.

Logo Exclusiv’In

Tchewôlô : Quelle est la particularité de votre marque ?

Raymonde LOZO : Ma particularité, huum; alors au vue de tous mes services, j’aurais dit la polyvalence mais je dirais plutôt que ma particularité c’est d’être maître artisan, de confectionner moi-même mes créas en grande partie, de transmettre mon savoir-faire avec passion aux gens en particulier aux enfants. Il y a plusieurs services que regroupe la marque.  

  • ü  Service déco

Déco espace marié

Déco bâche chaise

Panier dragées déco et attaché les dragées

Déco mur de star (confection de fleurs en papier et en pagne)

Déco table gâteau

Conception d’accessoires mariages aussi

Déco salle

Déco voiture

Conception d’objets décoratifs

  • Service cinématographique

Je suis conseillère en stylisme, costumière et habilleuse plateau cinéma

  •   Service d’assistance conseil pour les marques
  • Service couture d’accessoires (bonnets, turbans…) et trousseaux bébé
  • Service confection et l’habillage d’articles (sac, chaussures, pot de fleur), accessoires (bracelets, bijoux,…) en pagne.
  • Service de confection d’articles en laine
  • Service de confection d’articles en perles
  • Service formation, je suis consultante formatrice en artisanat avec plus de 25 modules enfants et adultes en vue d’une école d’artisanat, j’interviens comme animatrice d’ateliers créatifs au sein des centres aérés, de colonie de vacances et autres évent enfants.  
  • Services event planner : Je suis organisatrice d’expo vente ART JEUNE dédiée aux jeunes talents mais surtout faire des découvertes artisanales, faire de la place à tout le monde car nous voulons tous vivre de notre art.
  • Service revente d’articles en faisant venir la marchandise du Ghana et autres pays
Photo Exclusiv’In (Atelier avec les touts petits)

Tchewôlô : Comment vous arrivez à gérer tout ceci ? C’est énorme tout ça !

Raymonde LOZO : Je suis une artisane avec beaucoup de passions (Accessoiriste fait main pagne, perles, laine, couturière, crocheteuse, brodeuse main, décoratrice, peintre, dessinatrice, journaliste amatrice, community manager, conseillère en stylisme, costumière habilleuse plateau cinéma, consultante formatrice, animatrice d’ateliers créatifs et event planner. J’ai à mon actif 3 grandes et deux mini éditions de l’expo vente dénommée ART JEUNE By Exclusiv’in dédiées aux jeunes marques artisanales. Plus de 104 personnes avec qui j’ai déjà collaboré. J’AIME TOUT, JE COORDONNE TOUT GRÂCE À Internet à l’avance, il y a des périodes pour tout. Je regarde bien mon agenda avant de m’engager auprès de ma clientèle et de mes partenaires. Ça vient à moi au fur à mesure, je développe d’autres aptitudes.  

Un client peut venir te dire Exclusiv’in tu peux me faire telle ou telle chose même quand je dis j’ai jamais fait, il me dit je sais que tu es très créative tu vas trouver et voilà.

Mais dans la pratique c’est sûr que je ne peux pas tout faire en même temps.  

Quand je relance les formations, je réduis les commandes. Quand je suis sur un projet, je relance toutes mes commandes.

Je ne peux gérer tout ceci à la fois vu que je suis seule. Impossible de faire tout au même moment et c’est pareil que vous Tchewôlô, vous avez plusieurs casquettes mais vous gérez selon les périodes. C’est une question d’organisation mais disons que j’ai tout ce temps car je suis sans engagement maritale et sans enfants,

Cela me demande beaucoup d’énergie physique mais je suis passionnée.

Je suis seule à bosser sur toutes mes créas en majorité, ma solution par moment c’est la sous-traitance avec d’autres collègues. En atelier formation ou pendant une décoration d’event, je recrute des assistantes temporaire pour m’aider.

Photo Exclusiv’In

Tchewôlô : A vous écoutez, l’on a l’impression que c’est facile. Il n’y a pas eu d’obstacles jusqu’ici ?

 Raymonde LOZO : Il y a toujours des obstacles mais je ne m’y attarde pas réellement. Sinon au niveau financier oui, il y a l’obstacle de sortir du virtuel, nous sommes en ligne.

Sur le plan ressources Humaines, il est clair que j’ai besoin d’employés car je bosse seule sur mes créas et pour ce faire il faut un bon budget (mais j’ai trouvé une solution de sous-traitance). Il y a aussi la question de l’approvisionnement (car j’ai toujours besoin de bonnes colles et on en trouve qu’à l’extérieur).

Tchewôlô : Quelle est votre arme secrète ?

Raymonde LOZO : La formation. J’aime apprendre au travers les plateformes de cours en ligne et YouTube. Par exemple, la première fois que j’ai bossé sur un projet audiovisuelle, une production a vu mon profil sur Facebook, j’ai dit que je n’avais jamais été costumière et tout mais ils ont voulu tenter l’aventure avec moi.  Ce jour-là, toute la nuit je n’ai pas dormi, au vu des informations que j’avais reçu, j’ai visionné plein de série et de making of. J’ai téléchargé des cours de couleurs et tout. A la réunion de production, je maîtrisais mon sujet comme si cela faisait des années de pratique. Rire j’aime découvrir et tenter.

Tchewôlô : Comment se porte votre boite aujourd’hui ?

Raymonde LOZO : Je dirais bien car mon activité m’épanouie. J’ai des projets futurs. Des partenariats avec des hôtels pour faire plus de mini expos ; Organisez plus d’ateliers formation dans les écoles et depuis quelques années je travaille beaucoup plus avec des revendeurs donc je suis devenue grossiste et semi grossiste, j’envisage d’augmenter le nombre. Donc disons tout va pour le mieux. On croise les doigts pour la suite.

Tchewôlô : Etes-vous assez indépendante financièrement et pensez-vous avoir une place pour un homme dans votre vie et pourquoi ?

Raymonde LOZO : oh oui il y a de la place, une grande place d’ailleurs, pour cet homme qui acceptera de me connaître, de m’aimer, de me soutenir pour qu’on s’entraider mutuellement et avancer ensemble. Je le dis encore ensemble car c’est très important. Et Indépendante financièrement hum je ne dirais pas oui mais je bosses toujours pour cela et pour ma part, l’amour véritable n’a rien avoir avec l’argent, les biens matériels, je suis entière quand j’aime.

Tchewôlô : Quel est votre avis sur l’émancipation de la femme et par ricochet l’égalité entre elle et l’homme ?

Raymonde LOZO : Personnellement l’homme et la femme ont un rôle à jouer, nous avons tous une part de responsabilité pour l’avancée de la société, mettons l’égoïsme de côté et éduquons nos enfants avec des valeurs morales et beaucoup d’amour pour que demain soit meilleurs.

Contact Exclusiv’In

Tchewôlô : Comment se passe une journée de travail pour Raymonde ?

Raymonde LOZO : Houla c’est du 100 à l’heure rire, dès fois, j’oublie de manger. Tous les matins, je consulte mes réseaux sociaux et mail ainsi je réponds à ma clientèle ;

Si j’ai des grosses commandes, à partir de 7h30, je couds ou je travaille (dans la joie) avec des sprays adhésifs pour les recyclages d’accessoires (sacs, chaussures…) je reste assise à la tâche jusqu’à 2h ou 4h en étant toujours connectée sur les réseaux ;

si je suis en tournage, alors c’est toujours de  7h jusqu’à x heure avec beaucoup de stress, de fatigue et de fous rires (j’aime beaucoup l’ambiance avec l’équipe) tout dépend des circonstances (rire) sans oublier qu’il y a des semaines de travail avant  tournage ou on bosse sur Powerpoint en lisant scénario et description des profils (phase très sérieuse et stressante );

Si je suis en expo vente, c’est journée non-stop sur plusieurs jours pour gérer l’événement, si je suis l’organisatrice ou si je participe en tant qu’exposante, il faut noter qu’il y a des expos de nuit.

Si je décore une manifestation, le stress augmente mais j’aime, tout dépend des horaires de la cérémonie ;

Si j’ai un atelier de formation EXCLUSIV’IN adultes ou enfants là c’est la folie rire mais c’est ma meilleure journée, je dors super joyeuse ;

Si je n’ai aucun engagement clientèle, je suis des cours en ligne, là je viens de suivre le CLOM MOOC CRÉATEURS DE MODE FRANCOPHONE organisé par l’OIF. En septembre dernier, j’ai participé au CREASTORM, une formation dédiée aux métiers de l’audiovisuels organisé par LIKASA PROD.

Tchewôlô : Vous êtes une machine, une vraie passionnée. Si vous avez un conseil à donner aux jeunes filles, quel serait ce conseil ?

Raymonde LOZO : Les filles, mes jeunes sœurs, prenez vos études très au sérieux, soyez sincères, honnêtes dans tout ce que vous faites. Bannissez l’orgueil. Soyez-vous mêmes tout en restant polies et respectueuses. Soyez passionnées. Sachez utiliser les réseaux sociaux à bon escient. Pour finir entourez-vous de bons amis et de personnes qui vous soutiennent réellement. 

Tchewôlô : Merci à vous Raymonde pour ce partage d’expérience, nous vous souhaitons le meilleur pour la suite de votre carrière.

Raymonde LOZO : C’est moi qui vous remercie.

Tchewôlô, femme noire, femme du monde, parlons d’elles!!!


« Parler est un besoin, écouter un art. »

Nous avons tous besoin de parler. Nous avons tous besoin qu’on nous écoute. En cette période de crise sanitaire, il est clair que les habitudes ont changé. La gestion de la maison à plein temps, vivre à plein temps avec les membres de sa famille et bien d’autre chose. Le travail à la maison (télétravail). Nous avons évoqué le problème de violence de tout type et comment aider ces personnes.  Alors lorsque ta vie est bouleversée, lorsque tu fais face à un changement brusque dans ta vie, à une situation inattendue, à un choc émotionnel, Que fais-tu ? A qui tu parles ? Comment tu supportes et gère les choses ?

Moi, j’ai cette habitude d’écrire mes peines et mes joies. Durant très longtemps j’ai opté pour l’écriture pour me libérer mais je me suis rendue compte au fil du temps que parler à quelqu’un qui nous écoute est aussi bénéfique. Du coup il n’y a pas longtemps, j’ai décidé de visiter des professionnelles dans le métier. J’ai vu un coach thérapeute puis une comportementaliste et ça a été très bénéfique pour moi.

Cette pratique n’est pas commune en Afrique, allé voir un psychologue. J’ai posé la question à mes abonnés sur ma page Facebook puis ensuite j’ai fait appel à une spécialiste pour mieux nous expliquer l’importance de cette pratique.

Marie FADIGA, Coach en développement et thérapeute humaniste, nous édifie sur cette citation de Goeth : « Parler est un besoin, écouter un art. » –

Il ne s’agit pas ici d’un besoin rattaché à un genre, au statut social ou à la couleur de la peau d’une personne, bien que dans plusieurs cultures le fait d’exprimer ses émotions et ses sentiments peut être perçu soit comme un manque de respect ou encore comme un signe de faiblesse. Mais parler est un besoin pour tout être humain et a ces bénéfices.

Parler nous permet entre autre de se vider l’esprit de toute charge émotionnelle qui serait pour nous source de stress et qui pourrait au fil du temps conduire certains à la dépression ou autres sérieux troubles psychologiques.

Parler nous permet également de mettre des mots sur les émotions ressenties et d’y faire face plutôt que de les laisser grandir en nous et agir sous la pression de la colère ou de la tristesse qu’elles engendrent en nous.

Parler nous permet de voir nos problèmes sous un angle différent avec différentes perspectives et solutions non perçu.

Parler permet à notre entourage de comprendre que nous avons besoin de support et nous leur donnons ainsi l’opportunité de nous apporter ce support.

Parler nous permet de développer avec les autres des relations plus saines. Mais on ne parle pas pour parler, il nous faut parler avec des personnes qualifiés pour nous entendre et nous comprendre afin de recevoir la meilleure direction qui nous permettra de trouver une solution « sur mesure  » à notre problème.

 » Il ne s’agit pas de parler, mais de savoir à qui parler ! Tout comme il ne suffit pas de conseiller, mais de pouvoir apporter la guérison et une direction à celui/celle qui est blessé au travers de nos mots… » -M. Fadiga

Le fait que nous trouvions de plus en plus de conseillers sur la toile certains qualifiés ou non et la formation de nombreux groupes dit de « conseil » démontre que nous reconnaissons ainsi notre besoin de parler, d’être écouté, entendu, éclairer et diriger.

Mais nous constatons bien souvent des dérapages qui entrainent des frustrations, des incompréhensions et bien souvent des abus de langages. Ce qui plongent ces personnes en quête de conseils dans une confusion et un mal être encore plus profond et ceci est dû au faite que tous ne sont tout simplement pas habilités à conseiller et même si cela partait d’une bonne intention nous devront nous tourner vers des personnes compétentes pour la simple raison qu’apporter un conseil c’est emmener une personne à adopter un certain comportement, à faire un choix et influencer ainsi le cours de sa vie.

Pour conseiller, il nous faut au préalable bien saisir tout le contexte avant d’intervenir. Il nous faut aussi identifier les valeurs morales de la personne en question, il faille connaitre les expériences passées de celui que nous conseillons pour pouvoir apporter un conseil et pour ce faire une relation de confiance ce doit d’être établie entre le professionnel et le client, qui s’ouvrira généralement sans peur car se sachant protéger par les règles de confidentialités.

Retenez donc qu’on ne peut efficacement conseiller une personne sur la base de demi-vérité, bien qu’un bon nombre de personnes reçoivent des conseils sur des informations non complètes ou encore sur la base des expériences des uns et des autres.

Parler c’est d’abord savoir écouter car c’est la somme de toutes les informations recueillies pendant l’écoute qui nous permettront de discerner si le problème vécu trouve son origine dans des blessures émotionnelles expérimentées à bas âges.

Un professionnel de l’écoute pourra nous diriger aux travers de questions ciblés à revisiter ces blessures attachés à nos souvenirs car elles continueront après bien des années à influencer notre façon d’agir ou de réagir et ressurgiront souvent de façon impulsive et influenceront négativement notre processus de réflexion donc nos choix, nos décisions et notre direction. Seule une personne formée à l’écoute pourra identifier dans nos actions et réactions la présence de ses blessures. Comprenons que nos attitudes, actions et réactions sont souvent conditionnés par ses blessures qui en réalité, dirigent nos vies et sont pour plusieurs la cause et la raison de là où nous nous trouvons dans la vie. Elles affectent notre bonheur, nos relations, nos opportunités, notre personnalité, notre caractère, nos attitudes et nos habitudes. Refuser d’en prendre conscience c’est de compromettre son développement et diminuer son potentiel.

La société africaine est en pleine « tentative » de développement, mais cela doit se faire correctement tout en accompagnant le peuple africain vers ce développement. L’apparition de métiers d’accompagnement est la preuve irréfutable de ce développement. Si les individus cherchent à se développer c’est en réalité le pays et la nation elle-même qui recherchent ce développement. Le changement de mentalité reste un facteur indispensable au développement et nous devons faire la part des choses entre nos habitudes, nos cultures, nos coutumes, nos traditions et nos croyances avec le besoin actuel de l’Afrique donc de l’africain. Face à tout changement il est important d’être préparé même si c’est le propre de l’être humain que de vouloir s’améliorer. Cependant même si nous y aspirons, il est souvent difficile de changer des comportements ancrés, par peur, routine ou pensées limitantes, nous demeurons alors réticents et hésitants.

Il est important de comprendre que tout changement représente un ‘stresseur’ car tout changement comporte des gains et des pertes et des renoncements. Le cerveau humain n’est donc pas à l’aise face à l’incertitude, ce qui peut causer des tensions et de l’anxiété, ces pressions peuvent à leurs tours créer des tensions physiques et des troubles psychiques…

Se développer c’est augmenter sa force, sa puissance et prendre de l’extension et pour cela il nous faut nous ouvrir à de nouvelles dispositions et cela signifie aussi s’exposer à d’autre réalités, à d’autres mentalités, à d’autres façon de faire et a d’autres manière de voir et d’appréhender les choses. Je crois personnellement que si nous aspirons au développement, il nous faudra être conscient que tout changement peut causer un grand stress et il nous faut donc être prêt à reconnaitre et accepter que la thérapie puisse nous aider et nous préparer pour y faire face.

Il existe des centaines de formes de Thérapie en fonction de nos besoins, entre autre la thérapie comportementale qui par exemple visera à se centrer sur le problème et à structurer l’action à réaliser pour en sortir.  Alors que la thérapie (EMDR / eye movement desensitization reprocessing) nous obligera à revisiter le ou les traumatismes subit (par exemples lorsque des humiliations répétées passé affectent notre comportement présent), la thérapie centrée sur la personne en revanche a pour objectif de développer l’autonomie du client au travers de son propre potentiel. Le type de thérapie est donc en fonction du besoin et il n’y a aucune honte à y avoir recours car c’est en réalité être conscient de soi et de sa santé mentale. La thérapie n’est donc pas un luxe ou encore moins une histoire pour les euro-descendants, mais la thérapie se veut être un outil essentiel au développement et pour le développement. S’il est chose normale pour l’être humain d’avoir recours à un médecin généraliste pour des maladies d’ordre physique, ou encore d’aller vers des guides religieux pour les situations d’ordres spirituels : ma question est pourquoi sommes-nous toujours réticent à nous tourner vers la thérapie pour notre santé mentale ?

NB: N’oubliez surtout pas, ne baissez pas la garde, la maladie existe toujours. Lavez vous les mains et portez vos masques.

Tchewôlô, Femme noire, femme du monde parlons d’elles!


Comment aider une victime de violence

Violence, harcèlement, viol, voici des crimes qui n’ont pas cessé même avec l’arrivée de cette pandémie qu’est le Covid-19. Une victime est coincée avec son bourreau à la maison à sa merci : qui va l’aider ?

Je me rappelle de cette fameuse histoire récente de cette jeune fille qui est tombée du 3e étage de son immeuble à Yopougon Abidjan en Côte d’Ivoire. Une vidéo circulait sur les réseaux sociaux, l’on voyait son mari qui la tenait mais elle a tout de même chuté, heureusement elle est sortie saine et sauve. Les voisins ont signalé des violences conjugales, la femme a nié tout en bloc et a affirmé que son homme volait à son secours car elle avait confondue la porte avec le balcon…

La victime a du mal a signaler son bourreau, pourquoi ? La victime n’ose pas parler et va même jusqu’à cacher ce qui lui ai arrivée et supporter la douleur seule.

Le second sujet sur ma page Facebook était intitulé : COMMENT AIDER UNE PERSONNE VICTIME D’HARCELEMENT, DE VIOLENCE ET DE VIOL ?

Hello chers tous! J'espère que vous démarrez bien cette semaine. On le sait tous les victimes sont de plus en plus…

Publiée par Tchewôlô le blog sur Mardi 21 avril 2020

Tous les intervenants sont unanimes : pour aider quelqu’un, il faut que cette personne accepte d’être aidée.

Pour la synthèse de ce sujet, j’ai fait appel à cette magnifique femme leader, médecin, conférencière, écrivaine, la docteure Aminata Kane. Elle nous a fait un récit bien détaillé et très instructif.  

Dans la peau d’une victime de violences…

Les paragraphes suivants traitent frontalement de la question du viol et ne sont donc pas adaptés à tous les lecteurs ou toutes les lectrices.

K., 24 ans, rentrait chez elle lorsqu’un taxi s’arrêta à son niveau. Il y avait déjà à son bord trois hommes, le conducteur et deux autres personnes. Rien ne laissait présager de ce qui arriverait… Le trajet se passait sans encombres jusqu’à ce qu’elle réalise que ses compagnons de route avaient pour elle d’autres intentions… Les portières ont été condamnées, elle était prise au piège.

Après avoir été dépouillée de tout ce qu’elle avait comme biens, les hommes ont décidé de s’offrir une récompense, son corps. Ce jour-là, voyant qu’elle avait ses menstrues, deux des trois hommes renoncèrent mais pas le troisième qui la viola avant de la laisser pour morte en bordure de chemin…

Quand elle reprit ses esprits, K. rentra directement à la maison sans rien dire à personne. C’est à son comportement que son patron se douta que quelque chose de grave s’était passé. Acculée, elle finit par lui raconter…

Dame X. était infirmière dans son pays, elle s’occupait des femmes dans sa communauté. Lorsque la guerre éclata, son village fut pris d’assaut par des hommes en armes, elle était alors enceinte de 6 mois. Dans un témoignage aussi glaçant qu’effroyable, elle racontera comment elle a été violée par plusieurs hommes avant de recevoir dans ses entrailles un bâton puis éventrée. Malgré tout, elle survécut à l’horreur de son viol…

F. était de ces jeunes filles dites faciles. Elle couchait avec le premier venu. Elle ne triait pas, les frères et même les conjoints de ses amies faisaient partie de ses conquêtes. Elle a été abusée par le nouveau mari de sa mère depuis sa classe de CE2 jusqu’en classe de CM2. Son beau-père lui avait dit que ce serait un secret entre eux et qu’elle était sa petite femme. Rentrée du marché plus tôt que prévu, sa mère les découvrira… Elle décéda six mois plus tard… À F., il a été dit : « Tu as séduit le mari de ta mère ! C’est toi qui a tué ta mère ! » Elle n’avait que 10 ans et n’a jamais eu l’opportunité d’expliquer quoi que ce soit…

Les femmes, victimes systématiques de violences basées sur le genre

Il ne se passe pas un jour sans qu’une femme ne soit violentée. Le viol des femmes et des enfants est utilisé comme arme de guerre. Les chiffres de l’agence des Nations Unies pour la Femme font froid dans le dos.

35% des femmes dans le monde ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou des violences sexuelles de la part d’une autre personne (sans compter le harcèlement sexuel) à un moment donné dans leur vie. Ce chiffre va jusqu’à 70% dans certains pays à l’échelle nationale. Les données montrent également que, chez les femmes qui ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint, les taux de dépression sont plus élevés.

Chaque jour en moyenne dans le monde, 137 femmes sont tuées par un proche.

Plus de la moitié (51%) des victimes de trafic d’êtres humains dans le monde sont des femmes adultes. Les femmes et les filles représentent 71% des victimes, les filles seules comptant pour près de trois victimes sur quatre du trafic d’enfants. Près de trois femmes et filles victimes du trafic d’êtres humains sur quatre le sont à des fins d’exploitation sexuelle.

S’il est vrai que les hommes ne sont pas en marge de ces violences, les femmes demeurent les victimes les plus nombreuses.

Ces violences ne touchent pas que des adultes. Les enfants ne sont pas épargnés. En effet, une étude réalisée par l’ONG SOS Violences Sexuelles sur les violences sexuelles en milieu scolaire dans le district d’Abidjan en 2002 révèle que la prévalence des abus sexuels (viols, tentatives de viol, attouchements et harcèlement) au sein de la population scolaire soumise à son étude est de 27,2% ; plus de 10% des attentats à la pudeur sont réalisés dans un environnement scolaire ; plus de 15% d’entre eux sont perpétrés par des camarades de classe ou  du même établissement et 4% par des enseignants.

Être à l’écoute, mode d’emploi

Si les conséquences physiques de la violence sous toutes ses formes sont indéniables, celles qu’il faut le plus craindre sont les conséquences psychologiques. Au traumatisme physique s’ajoute le traumatisme émotionnel, psychologique. Pour mieux y répondre, il faut comprendre ce qui se passe dans la tête d’une victime de violence.

La victime d’une violence peut avoir plusieurs émotions et réactions. Ce sont entre autres :

  • Le déni ;
  • La culpabilité ;
  • La dépression pouvant aller jusqu’au suicide ;
  • Les mutilations comme se raser les cheveux, s’ouvrir les veines, se scarifier ;
  • Les délires ;
  • L’agressivité, l’hystérie ;
  • L’amour pour le danger ;
  • La peur de sortir seule, la peur des hommes, la peur du noir

Tout changement soudain, inhabituel dans le comportement d’une personne doit vous mettre la puce à l’oreille comme par exemple un enfant extraverti qui devient subitement introverti, un enfant sans histoire qui subitement plonge dans des travers comme la drogue, le tabagisme, la fréquentation de groupes d’amis peu recommandables, l’enfant qui fuit à la vue d’un tonton, qui refuse de le saluer, une femme qui change de chemin quand elle croise le chemin d’un homme, le regard qui fuit, les tremblements, la transpiration, en un mot, tout geste qui trahit un état de stress et de peur que vous n’aviez pas l’habitude d’observer chez la personne.

Convaincre

Que la victime soit un homme ou une femme, un enfant, un ado ou un adulte, c’est une VIC-TIME donc une personne qui a besoin d’aide, une personne en souffrance qui peut le montrer ou qui peut aussi très bien le cacher en fonction de sa personnalité, son éducation, ses expériences.

Vous pourrez rapidement être submergé d’émotions, rentrer dans une colère noire ; parfois même, vous aurez envie d’aller casser la gueule à l’agresseur, lorsque vous entendrez les histoires des survivants mais n’oubliez jamais IL NE S’AGIT PAS DE VOUS. Ne faites pas regretter à la victime de vous avoir raconté son histoire.

Armez-vous de sagesse et de force intérieure pour arriver à discerner et à avoir l’attitude la plus salutaire face à une victime.

Demandez à la victime ce que vous pouvez faire pour l’aider. Pour s’ouvrir à vous, la victime devra vous faire confiance et vous, vous devez mériter cette confiance et vous en montrer digne.

Sachez que rarement une victime admettra avoir besoin d’aide. Elle vous dira qu’elle est forte. Elle essaiera même parfois de vous dissuader de faire quoi que ce soit mais apprenez à reconnaître les signes extérieurs d’une souffrance intérieure.

Soyez présent. Soyez effectivement présent en lui offrant une oreille attentive et en pratiquant une écoute active. Ne lui coupez pas la parole chaque fois qu’elle parle pour l’interrompre, pour poser une question.

Ne l’obligez pas à parler si vous sentez qu’elle n’est pas prête à la faire. Ne forcez pas si vous voyez qu’elle n’a plus de force.

Ne vous emportez pas, ne vous impatientez pas quand elle met du temps à parler. Si vous lui montrez qu’elle vous perd le temps, elle ne vous dira plus rien ou ne vous donnera pas les détails qui peuvent vous donner des éléments de preuve.

Soyez patient.

Si vous voyez que vous ne pouvez pas aider parce que vous n’avez pas les compétences d’un psychologue, ayez l’humilité de le reconnaître et en attendant d’orienter la victime vers des experts, faites des recherches sur le cas, la typologie de la violence, ses conséquences et la réaction à adopter.

Rassurer

Ne brusquez pas la victime. Ne la jugez pas. N’employez aucun mot qui puisse lui faire croire que vous l’accusez d’être responsable de ce qui lui est arrivé, elle se sent déjà assez coupable vous que vous en rajoutiez. Ce dont elle a besoin, c’est d’être écoutée si elle a envie d’en parler ou si elle refuse d’en parler, que vous respectiez son silence, que vous écoutiez son silence vous parler à travers ses larmes.

Il faut savoir qu’une personne victime de violences est émotionnellement détruite. Et le processus de reconstruction commence déjà avec vous.

Protéger 

…Et rassembler des preuves: Une personne victime de violences surtout quand elles sont sexuelles se sent sale. Il n’est pas rare que ses douches prennent une éternité. Elle se frotte la peau jusqu’à la chair dans certains cas….sauf que cette première douche peut effacer toute preuve compromettant ainsi l’arrestation de son violeur. Ayez à l’esprit de recueillir le maximum de preuves que vous pouvez. Idéalement, vous devriez pouvoir convaincre la victime de se rendre à l’hôpital pour des prélèvements. Conservez ses vêtements, tout ce qui peut constituer des preuves contre l’agresseur, le tout dans le plus total respect de la dignité et de l’honneur de la victime. Prenez des photos si vous le pouvez de ses bleus, de ses plaies en vue d’une future plainte.

Mais il faut savoir que certaines victimes choisissent le déni. C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart d’entre elles préfèrent se terrer dans le silence et ne dénoncent pas leurs bourreaux. Garder leur agression secrète est une façon pour elles de se protéger de tous les regards haineux et accusateurs de la société. Aucune victime n’a envie d’être aux yeux de tous la personne violée, celle qui l’aurait cherché un peu quand-même, qui n’a eu que ce qu’elle mérite. Le déni est un mécanisme d’auto-défense. Ne soyez pas surpris si une victime perd la mémoire. L’amnésie peut être partielle ou totale. La victime ne fait pas exprès de ne plus se souvenir de ce qui lui est arrivé, elle peut vraiment ne plus se souvenir de rien.

En tout état de cause, il faut garder à l’esprit que la préservation la dignité de la victime et le respect de sa douleur. Chaque fois qu’il lui sera demandé de raconter son agression, ce sera comme remuer le couteau dans la plaie et une façon de s’exposer. C’est pourquoi dans le processus de prise en charge, il faut veiller à préserver la victime en évitant de multiplier le nombre de personnes auxquelles elle devra raconter son histoire.

Généralement les victimes ou survivantes ne portent pas plainte par peur de représailles ou de la qualité de leur futur.

Accompagner vers des structures de prise en charge

Les structures de prise en charge des violences existent mais sont encore largement insuffisantes et ne disposent pas de tous les moyens pour la prise en charge des victimes. Cela suppose que vous les connaissiez d’où l’importance de leur vulgarisation et de leur multiplication.

Une étude a été réalisée en 2008 sur les Violences Basées sur le Genre (VBG). On y trouve la cartographie des structures intervenant dans le domaine des VBG en Côte d’Ivoire.

Il faut savoir que la prise en charge est PLURIDISCIPLINAIRE et met en scène plusieurs domaines que sont la santé, la psychologie, le social, le juridique et le judiciaire.

Dans le cas spécifique du viol, il faut convaincre la victime à se rendre à l’hôpital pour être prise en charge de toute urgence. Si le violeur n’a pas utilisé une protection, un protocole de prévention du VIH devra être mis en œuvre. Test de dépistage, pilule du lendemain pour éviter une grossesse issue d’un viol, mise sous traitement ARV (anti rétro viral). Le patient est dépisté et mis sous traitement pendant trois mois avant d’être de nouveau testé.

Le risque d’attraper le VIH ou d’une grossesse sont autant d’arguments de taille auxquels vous pouvez avoir recours pour convaincre une victime de se rendre à l’hôpital mais attention, il ne s’agit pas de l’effrayer mais de lui faire comprendre que c’est pour son bien et que c’est pour la protéger. Une victime qui se sent protégée par vous vous fera confiance.

Réseaux sociaux et protection des victimes

A l’heure des réseaux sociaux, il y a une libération de la parole. Des cas de violences qui auraient par le passé, été passés sous silence sont dénoncés mettant fin à l’impunité grâce à la pression des internautes. Mais internet est un couteau à double tranchant. Dans le feu de l’action, il ne faut pas oublier que nous avons une responsabilité immense qui est de protéger toutes les victimes d’abus.

En prenant des photos, en enregistrant des audios, en postant sur internet, il faut garder ce mot à l’esprit : PROTÉGER.

Toute violence est une urgence pour la victime appelée à juste titre survivante.

Pour aller plus loin

Violences sexuelles et conjugales faites aux femmes et aux filles : quel regard porter sur la société ivoirienne ? Sylvia APATA, Juriste, Experte en Droits de l’Homme, Spécialiste des droits des femmes en Afrique : à lire ici.

CRISE ET VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE EN COTE D’IVOIRE: RÉSULTATS DES ÉTUDES ET PRINCIPAUX DÉFIS OCTOBRE 2008 : consultable ici.

Tchewôlô, femme noire, femme du monde parlons d’elles !

N’oubliez pas les consignes d’hygiène : se laver les mains fréquemment avec de l’eau et du savon, portez un masque de protection. Tousser dans le creux de votre coude. Respectez les un mètres ou plus entre vous. Un peu de discipline nous aidera à éradiquer cette maladie.

SORTEZ COUVERTS ET FAITES L’ESSENTIEL !