8 mars 2021

Femme à la Une : Lerie Sankofa, l’artiste !

Comme le dit Lavoisier : « Rien ne se perd. Rien ne se crée, tout se transforme ! ».  Et Einstein complètera pour dire « la créativité c’est l’intelligence qui s’amuse ». Voici ce qui me vient en tête lorsque je pense à celle que je vais vous présenter aujourd’hui. Sa créativité est éblouissante et épatante et je pèse mes mots. Je l’ai vu sur scène au festival Afropolitain Nomade en janvier dernier, et j’ai été sous le charme. Moi férue de musique et de danse, je me suis empêchée de danser juste pour mieux savourer la créativité de cette jeune femme. À la fin de sa prestation, je me suis dit : il faut une scène 100% femme avec à l’affiche, Dobet GNAHORE, Manou GALLO et elle. C’est fou, mais c’est ce à quoi j’ai pensé. Elles ont cette créativité, cette énergie et cette africanité en commun. Mon pays à un potentiel artistique immense.

Valérie Beugre mais appelez là : Lérie Sankofa. Chanteuse, percussionniste et autrice-compositrice. Elle fait de l’Afro-light, un style dans lequel elle valorise les cultures musicales africaines et les instruments informels tel que des outils ménagers. Elle a côtoyé les meilleurs pour se perfectionner, de l’orchestre du célèbre chorégraphe George Monboye à la troupe musicale Bella Mundo en passant par le village Kiyi. En 2019, elle a obtenu le prix espoir de la musique à la 3e Edition du Lili Women. Je l’ai vu jouer avec des casseroles, un mortier, un pilon. En somme, des ustensiles de cuisines qui donnaient une sonorité extraordinaire en plus de sa voix. C’est une artiste dans tous les sens du terme. Lérie nous ouvre ses portes pour nous parler d’elle!!

Tchewôlô : Lérie SANKOFA, merci de permettre à nos lecteurs d’en savoir un peu plus sur vous. Lérie, quels sont les mots qui vous définissent le mieux ?

Lérie SANKOFA : C’est moi qui vous remercie pour l’intérêt que vous me portez. Je dirais : amour, foi, partage, pardon, et rêve.

Tchewôlô : Quelle est votre définition de la femme ?

Lérie. S : La femme pour moi, c’est celle qui est capable d’aimer, de pardonner et d’apporter la vie dans son entourage.

Tchewôlô : Parlons de l’artiste, votre instrument de base c’est la percussion, pourquoi ce choix ?

Lérie S : C’est un choix que j’ai fait depuis mon enfance, dès l’âge de neuf ans par le biais d’un cousin sans même réaliser l’importance de la chose.  Et c’est plus tard en grandissant que je me suis rendu compte que c’était un instrument dédié en majorité aux hommes. Je me suis juste intéressée à cet instrument en voyant mes frères en jouer.

Tchewôlô : En tant que femme, quel effet cela vous fait de jouer à cet instrument, et comment les autres vous voient ?

Lérie S : J’adore lire la stupéfaction sur les visages, l’étonnement lorsque les gens me voient jouer à la percussion. Je suis heureuse qu’il y ait des femmes comme moi qui se démarquent en faisant ce qu’elles aiment même si c’est un boulot soit-disant dédié aux hommes.

Tchewôlô : Et quelle a été la réaction des parents face au choix de faire carrière dans la musique et d’être percussionniste ?

Lérie S : Mes parents ont toujours été un soutien pour moi. Ils ont eux-mêmes été choristes, j’étais donc exposée dès mon plus jeune âge. J’ai rejoint la chorale à 12 ans. Ils croyaient en moi et cela très vite m’a responsabilisée. Je voulais être leur fierté, ne jamais les décevoir.

Tchewôlô : C’est quoi votre leitmotiv ?

Lérie S : C’est de valoriser la culture musicale africaine.

Tchewôlô : Parlons financement, comment vous vous en sortez ?

Lérie S : La vie étant faite de haut et de bas, il fut un temps avant le coronavirus où les affaires allaient bon train. Prestations ponctuelles, hebdomadaires et le salaire… Ce qui me permettait de vivre et non de survivre. Cette maladie a quand même réduit nos scènes et nous nous retrouvons qu’avec le salaire pour répondre aux charges. Ce n’est pas encore ce à quoi j’aspire mais je remercie le ciel pour mes finances, car nombreux sont ceux qui auraient aimé avoir ce que j’ai.

Tchewôlô : Vous étiez à l’affiche de l’ouverture du festival Afropolitain Nomade en janvier dernier ici à Abidjan, comment s’est fait la rencontre avec l’équipe et qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Lérie S : J’ai rencontré Veeby (Vanessa Kanga), l’organisatrice du festival en 2018. Elle était de passage en Côte d’Ivoire, et elle avait besoin d’une percussionniste et d’une choriste. Après cette collaboration, on a gardé le contact et par la suite j’ai su qu’elle organisait son festival Afropolitain Nomade. Elle est vraiment sympa et m’a toute suite pris comme sa petite sœur. Depuis, j’ai beaucoup appris et je continue d’ailleurs à apprendre des choses bien intéressantes, grâce aux plates-formes d’échanges initiées par ledit festival.

Tchewôlô : Parlons de votre performance, quelles sont vos astuces pour être toujours au top niveau ?

Lérie S : Mon astuce… mon amour pour la musique. Je tire une pleine satisfaction lorsque je suis en exercice, je le fais d’abord pour moi. Mais il y a également en plus de cette grâce que Dieu me fait, les exercices périodiques.

Tchewôlô : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre carrière ?

Lérie S : D’abord, les scènes pour ce genre musical sont sélectives et pas assez nombreuses. La musique traditionnelle n’est pas très valorisée, au détriment de la musique urbaine. Il est également difficile, voire très rare, de trouver des mécènes ou des sponsors qui t’accompagnent. Pourtant il est indéniable et tout le monde le sait, que la pratique de l’art requiert un minimum financier non négligeable.

Tchewôlô : Quelles sont vos attentes, et vis-à-vis de qui ?

Lérie S : J’ai des attentes vis-à-vis des différents ministères culturels africains. Ils devraient mener des actions pour emmener les populations africaines à aimer, valoriser et préserver leurs cultures. Notre culture est notre identité. Les médias et les structures étatiques et privées artistiques devraient promouvoir et encourager l’art. Bref, tout ce qui prône des valeurs.

Tchewôlô : Quel regard avez-vous sur la jeune fille en ce 21e siècle ? Et quels conseils donneriez-vous ?

Lérie S : La jeune fille aujourd’hui est assez active et dynamique. Elle ne se met pas en marge et cela je l’admire énormément. Nous sommes dans une tendance de promotion du genre et j’aimerais dire à toutes mes sœurs qui ne suivent pas encore le mouvement que c’est le moment de se lever et de se faire une place par le travail. Chacune a un domaine de prédilection, un talent caché. Il faut le déterminer et le développer pour se faire une place car la saison est favorable. N’aimons pas la facilité.

Tchewôlô: Merci pour ces mots, merci pour votre disponibilité. Nous vous souhaitons bon vent pour la suite de votre carrière.

Lérie Sankofa : Merci à vous.

Tchewôlô, femme noire, femme du monde parlons d’elles!!!

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